Mon cher lecteur,
Je voudrais vous présenter aujourd’hui le meilleur économiste du monde : impartial et intransigeant, expérimenté comme pas deux et en plus simple et efficace.
Cet économiste on l’appelle Doctor Copper.
Pour tout vous dire, Dr Copper a un peu usurpé son titre, ce sont ses disciples qui l’appellent docteur, il aurait eu bien du mal à écrire une thèse de doctorat, car Doctor Copper ou le Docteur Cuivre en français n’est pas une personne, mais ce métal dont on fait de si jolies coupoles.
Il se trouve que le cours du cuivre est un bon signal économique, il annonce les récessions comme les reprises et il se fiche pas mal des manipulations, ce qui l’intéresse, c’est l’activité économique.
Par exemple en 2008, le prix du cuivre avait dévissé de 20% depuis le mois de juin avant l’éclatement de la crise en septembre avec la faillite de Lehman Brothers.
Le cuivre est un métal très utile : c’est un excellent conducteur électrique et thermique, ductile, c’est-à-dire facilement malléable et donc usinable, très résistant à la corrosion et qui plus entièrement recyclable. Et si l’une de ces propriété vous embête, vous trouverez sûrement un alliage de cuivre qui conviendra à votre application.
Aussi le cuivre et ses alliages servent à faire :
- des câbles et composants électriques,
- du matériel électronique,
- des câbles télécoms,
- des composants pour les transports,
- d’autres pour les plateformes pétrolières,
- des pièces pour les machines outils,
- de la tuyauterie dans les immeubles ainsi que des toits : nous revenons à nos coupoles.
Bref, énergie, électricité, électronique, industrie, transports, construction, télécoms : tout le monde a besoin de cuivre.
De plus la production de cuivre d’environ 20 millions de tonnes par an est assez stable (en progression de 3% par an ces dernières années) et bien répartie géographiquement.
Les cours du cuivre comme la plupart des matières premières ont également le grand avantage de ne pas être manipulés à l’inverse de nombreux indicateurs d’activité et déclarations officielles.
Aussi quand les prix du cuivre varient, sauf exception, c’est que la demande mondiale varie, anticipant des périodes de croissance ou de récession économique.
Après la dure année 2018 qui avait vue les marchés financiers ébranlés et le retour de la guerre commerciale déclarée par Monsieur Trump à la Chine, les marchés anticipaient une reprise de la croissance et donc celle du cuivre et plus généralement des matières première.
Or la reprise a été de courte durée : depuis le mois d’avril, les cours sont repartis fortement à la baisse et le cuivre est retombé au plus bas depuis deux ans.
Et cela n’était pas prévu.
Ce n’était en tout cas pas prévu par Glencore, le plus gros groupe minier mondial, qui a vu ses bénéfices fondre de -32% au premier semestre : ils avaient pourtant diminué leur production de cuivre de 5% pour protéger les cours et leurs marges mais cela n’a pas suffit. Le groupe a annoncé un plan de licenciement de 1400 personnes et l’arrêt de l’exploitation de la plus grosse mine de cobalt du monde, lui-aussi en chute libre à cause de surinvestissements.
Le cobalt sert essentiellement à produire des cathodes pour batteries de voitures électriques, son cours a été divisé par 4 depuis 18 mois.
Après l’engouement pour la voiture électrique, le temps des réalités revient : il ne s’en vend pas tant que l’on voudrait. Une voiture électrique reste excessivement chère, peu pratique à l’usage et particulièrement polluante dans la plupart des pays du monde qui produisent leur électricité au charbon (y compris l’Allemagne, la Chine et un bon nombre d’États américains).
Bien sûr, vous n’aviez pas besoin de ça pour vous dire que la situation n’est pas brillante : les bourses trébuchent, les banques sont dans la tourmente, l’actualité financière est préoccupante.
Une hirondelle ne fait pas le printemps et une baisse du cuivre ne fait pas une crise.
En revanche, cette baisse du cuivre intervient alors que les banques centrales ont baissé les armes à noël dernier, stoppé net toute normalisation monétaire et annoncé de nouvelles mesures expansionnistes. Ils sont en train d’échouer à « piloter la croissance mondiale synchronisée » : le remède ne fait donc plus d’effet, la magie n’opère plus.
Nos banquiers centraux ont pris à leur propre piège. et si le plus important d’entre eux, Jay Powell, tente encore piètrement de ménager la chèvre et le chou entre deux barbecue estivaux à Jackson Hole, ils n’ont plus d’autre choix que la fuite en avant, la destruction par la saturation.
Ce n’est pas le moment du cuivre, c’est celui de l’or. En tant qu’abonné de Risque & Profit, je vous encourage à lire ou relire votre dossier sur la monnaie millénaire accessible en cliquant ici.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle